À l’heure du dialogue

La Faculté de théologie et de sciences religieuses se dote de deux nouvelles chaires de leadership en enseignement consacrées à la théologie systématique et à l’interculturalité

Par Yvon Larose
Journal Le Fil, Université Laval
15 septembre 2016

La Chaire Claude-Pijart en théologie systématique et la Chaire Marie-de-l’Incarnation sur l’interculturalité et la rencontre interreligieuse: tels sont les noms des deux nouvelles chaires de leadership en enseignement, rattachées à la Faculté de théologie et de sciences religieuses, à être lancées conjointement le jeudi 15 septembre, au monastère des Ursulines de Québec.

«Il s’agit des huitième et neuvième chaires de leadership en enseignement que la Faculté met sur pied, explique le doyen, Gilles Routhier. Ces ajouts vont contribuer à enrichir l’offre de formation et à stabiliser le corps professoral. Le programme de chaires de leadership a été, pour nous, le moyen d’assurer le remplacement des départs à la retraite, car chacune implique la création d’un poste de professeur.»

Selon le recteur Denis Brière, ces deux nouvelles chaires de leadership témoignent de la vitalité et de la remarquable capacité d’innovation de la Faculté. «En misant sur des partenariats prometteurs avec les communautés locales, notre faculté confirme son statut incontournable dans ce secteur d’études et de recherche», déclare-t-il.

Par leur appellation, les deux chaires établissent un lien avec le lointain passé des Québécois. Claude Pijart était prêtre jésuite. En 1667, à Québec, il fut le premier professeur à enseigner la théologie en Nouvelle-France. Quant à Marie de l’Incarnation, mystique et missionnaire, elle a fondé à Québec, toujours au 17e siècle, la communauté des Ursulines de la Nouvelle-France.

«Sur le plan symbolique, indique le doyen, il est important de se souvenir que l’enseignement de la théologie à Québec coïncide avec le début de l’enseignement supérieur en Nouvelle-France.»

La théologie systématique constitue une composante capitale des études théologiques. Elle se penche sur le cœur de la doctrine chrétienne: le mystère de Dieu et du Christ.

La Chaire Claude-Pijart aura comme objectif premier le développement d’un pôle d’excellence en théologie systématique. La formation qu’on y donnera mettra en œuvre des pratiques pédagogiques innovantes et liées aux débats publics. Elle s’appuiera sur une culture philosophique solide, sur une connaissance approfondie de la tradition chrétienne et sur la capacité d’entrer en dialogue avec les autres rationalités et la culture en général.

«Dialoguer ne veut pas dire répéter ce qui a été dit, soutient Gilles Routhier. La tradition est vivante et elle est sans cesse reprise dans un dialogue incessant avec les sciences, en constante évolution, et la culture vivante.»

La Chaire Marie-de-l’Incarnation, quant à elle, abordera le pluralisme religieux et convictionnel, un phénomène marquant dans la société d’aujourd’hui. De nos jours, le croyant ou l’acteur pastoral doit être en mesure de comprendre l’autre, sa culture, ses pratiques, sa tradition religieuse et ses convictions. Cette approche interculturelle consiste aussi à développer les aptitudes au dialogue et à la rencontre interreligieuse. Elle comprend également le fait de penser le vivre-ensemble.

«Cette approche sous-entend de la résistance, affirme le doyen. Il y a, au Québec, une tendance à l’ouverture à l’autre, mais on observe une tendance aussi forte au repli sur son identité et de fermeture à l’autre. Les deux opposés sont en tension. C’est un enjeu très actuel.»

Un des objectifs de la Chaire sera la mise en valeur de la pensée et de l’expérience de Marie de l’Incarnation, en particulier dans le domaine de la rencontre interreligieuse. Gilles Routhier rappelle que cette femme européenne rencontrait au quotidien le peuple amérindien. Sur le plan religieux, cette civilisation avait des représentations différentes de Dieu, en matière de croyances, de cosmologies, de rites et de pratiques.

La Chaire permettra d’assurer la pérennité du Centre d’études Marie-de-l’Incarnation à l’Université. Elle favorisera la connaissance des écrits spirituels et mystiques de cette sainte. Enfin, elle positionnera la Faculté comme un lieu d’excellence sur l’interculturalité et la rencontre interreligieuse au Québec et au Canada.

Le mode de financement sera le même pour les deux chaires. Chacune recevra 325 000 $ en cinq ans. L’Œuvre du Grand Séminaire de Québec sera le partenaire financier de la Chaire Claude-Pijart. Les Ursulines de l’Union canadienne joueront le même rôle pour la Chaire Marie-de-l’Incarnation. Dans chaque cas, la Faculté ajoutera un montant similaire. Une partie de ces investissements permettra de créer deux postes de professeur à la Faculté. Après cinq ans, les deux postes seront financés entièrement par l’Université.

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